ÉTUDE DES MALFORMATIONS VEINEUSES LABIALES DANS LA RÉGION DE TLEMCEN: MISE EN ÉVIDENCE DE NOUVEAUX FACTEURS GÉNÉTIQUES ET APPROCHE THÉRAPEUTIQ
ÉTUDE DES MALFORMATIONS VEINEUSES LABIALES DANS LA RÉGION DE TLEMCEN: MISE EN ÉVIDENCE DE NOUVEAUX FACTEURS GÉNÉTIQUES ET APPROCHE THÉRAPEUTIQ
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Date
2008-05-24
Authors
Badr-Eddine SAR
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Publisher
Abstract
Introduction: Extrêmement rares, les malformations veineuses sont la conséquence
d'une dysplasie résultant d'une anomalie proliférative des cellules endothéliales.
Quand elles sont à localisation faciale, comme les malformations veineuses labiales
(MVL), elles s'accompagnent souvent d'un défect esthétique, voire de troubles
fonctionnels à l'origine d'une répercussion psychosociale péjorative.
Sujets et méthodes : Etant donné que des gènes, autres que TIE-2 (tyrosine kinase
with 1g [immunoglobulin] and EGF [epidermal growth factor] homology domain-2)
(premier gène identifié), situés sur le chromosome 9 ont été suspectés dans le risque
d'apparition des malformations veineuses, mais aussi suite à des études récentes,
faisant ressortir bon nombre de pathologies liées au groupe ABo "localisés au niveau
du chromosome 9"; le premier objectif principal de ce travail était de suggérer, à
partir d'un échantillon de trois cas avec une forme sporadique de MVL et six
contrôles de la même tranche d'âge, l'implication des allèles O comme facteur de
risque dans le développement des MVL. Par ailleurs, il est sans ignorer que
l'endogamie et la consanguinité augmentent la fréquence des polymalformations et
des maladies génétiques récessives rares. Et, c'est ainsi que le second objectif
principal de cette thèse était de montrer leurs effets dans la pathogenèse de ces
malformations. Ainsi, parmi 18093 familles consanguines recensées sur une période
de 20 ans à partir de registres de mariages, cinq familles avec un enfant présentant
une MVL, issues de deux régions géographiques, l'une fortement endogame
(Nedroma) et l'autre peu endogame (Maghnia), ont été recrutées pour un essai
descriptif rétrospectif à l'Unité de Pathologie et Chirurgie Orale du Centre Hospitalier
Universitaire de Tlemcen. L'objectif secondaire de cette étude a été la prise en
charge thérapeutique, par la correction de l'esthétique faciale et le rétablissement de
la fonction labiale. Pour cela, la chirurgie lésionnelle était de mise précédée de
plusieurs temps de sclérothérapie au sulfate de tétradécyl de sodium 3% ou à l'alcool
absolu.
Résultats : Les résultats de la première étude ont indiqué un risque attribuable (RA)
aux allèles O de 60 % (p = 0,040). Ces résultats ont été confirmés dans la seconde
étude (Odds ratio [OR] = 1,154), indiquant une fréquence plus élevée des allèles O
par rapport aux allèles non-O (tous les sujets [n =28] : 16 [57,1%] vs. 12 [42,9%]
patients avec MVL [n = 51: 3 [60%] vs. 2 [40%] respectivement). Par ailleurs, le
niveau élevé de la consanguinité a été enregistré chez les familles de la région de
Nedroma, où le coefficient de consanguinité moyen a été évalué à 0.051. Enfin, le
risque d'apparition de la pathologie a été 11 fois plus élevé à Nedroma qu'à Maghnia.
Concernant l'étape thérapeutique, les résultats obtenus ont été satisfaisants tant en
matière d'esthétique faciale que de fonction labiale. Aussi, il a été constaté que
l'action sclérosante de l'alcool absolu a été supérieure à celle du sulfate de tétradécyl
de sodium (sulfate de tétradécyl de sodium 3% : nombre d'injections (lmL/injection)
= 7,5 ± 0,7 [extrêmes : 7-8] ; alcool absolu: nombre d'injections (lmL/injection) = 5,7
± 0,6 [extrêmes: 5-6], F = 10,371, p < 0,05).
Conclusion : Cette étude suggère pour la première fois que certaines formes
sporadiques de MVL seraient associées aux allèles O du système AB0. Il serait
judicieux de parachever ce travail par une étude de liaison des marqueurs SNP
(single nucleotide polymorphism), qui permettrait de confirmer ces résultats et
éventuellement de localiser et d'identifier, au niveau du chromosome 9, d'autres
gènes responsables du déterminisme de cette pathologie. De même, et c'est
également une première, la consanguinité pourrait amplifier le risque de
développement des MVL et l'endogamie pourrait accroître leur prévalence. Sur le
plan thérapeutique, l'esthétique faciale a été corrigée et la fonction labiale rétablie.
Aussi, l'action sclérosante de l'alcool absolu a été plus efficace que celle de
tétradécyl de sodium. Enfin, chez les patients étudiés, la sclérothérapie à elle seule
n'a pas résorbé les lésions et la chirurgie d'exérèse a été inévitable.