Facteurs de risque de la neuropathie périphérique patente chez les diabétiques de type 2.

Abstract

Introduction : La neuropathie diabétique est la complication dégénérative la plus fréquente du diabète de type 2, elle atteint environ 30% des diabétiques au moment du diagnostic avec des extrêmes allant de13 à 46%, et son pic d’incidence se situe autour de 60 ans. Son étiologie est multifactorielle, incluant une interaction entre facteurs cliniques, génétiques, environnementaux, métaboliques et médicamenteux. L’objectif de notre travail est d'identifier et de mesurer les principaux facteurs de risque de la neuropathie périphérique de la population diabétique de type 2 adulte à Oran. Patients et méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective cas-témoins appariée sur le sexe, réalisée au niveau de l’établissement hospitalier et universitaire d’Oran (EHUO) entre Décembre 2019 et Décembre 2021. L’étude compare des diabétiques de type 2 (90 cas) ayant une neuropathie patente (avec ou sans preuve électrophysiologique), à ceux indemnes de neuropathie (180 témoins). Les paramètres sociodémographiques, cliniques et biologiques ainsi que les complications ont été recueillis à l’aide d’un questionnaire standardisé. Le traitement statistique des données pour l’étude des facteurs de risque est basé sur une analyse statistique univariée et multivariée selon un modèle de régression logistique binaire obtenue avec le logiciel SPSS20, à la recherche de variables explicatives qui sont susceptibles de s'intégrer au modèle. Ce choix a été fondé sur la pertinence clinique et fonctionnelle obtenue à partir d'une recherche bibliographique approfondie en tenant compte des facteurs de confusion avérés. Les catégories de variables à intégrer dans le modèle multivarié sont celles pour lesquelles l'association avec la variable dépendante est suffisamment forte (p ≤ 0,10). Pour rendre l'équation utile à des fins de prévision, nous avons intégré le maximum de variables explicatives dans le modèle et toutes les procédures de régression ont été examinées. Résultats : L’âge moyen des cas est de 65,5 ± 19,4 ans avec un sex ratio de 0,64. Le pic de fréquence se situe entre 60 et 70 ans, 61,1% sont obèses et la majorité est sédentaire. Les fourmillements sont les symptômes révélateurs les plus fréquents (86,5%) avec des signes cliniques suivants : l’abolition des ROT (51,7%), les anomalies du test au diapason (48,3%), et la non sensibilité au monofilament (27%). La douleur touchait plus de 83% des cas avec un score moyen DN4 = 4,53 ± 1,61. Les facteurs de risque statistiquement liés à la NDP selon l’analyse univariée sont :l'âge [OR = 2,94], la durée du diabète [OR = 2,68], la sédentarité [OR = 9,38], l'obésité androïde [OR =2,43], une HbA1c > 7% , [OR = 4,85], l'atteinte cardiovasculaire [OR = 5,32], la rétinopathie [OR = 5,60], la néphropathie [OR = 7,89], la microalbuminurie des 24 heures [OR = 6,89], la neuropathie autonome [OR = 9,72], l'HTA [OR =3,49], un taux de triglycérides > 1,50g/L [OR =1,89] ainsi que l'insulinothérapie [OR=3,96]. Il n’existe aucune relation statistiquement significative entre le sexe, la taille et la dyslipidémie dans la survenue de la NDP dans notre population. Le modèle multivarié retient les facteurs suivants : Un diabète mal équilibré, la sédentarité, l'obésité androïde, la macroangiopathie, la microalbuminurie des 24 heures et la neuropathie autonome. Conclusion : Notre étude confirme l’étiologie multifactorielle de la neuropathie diabétique périphérique impliquant l’interaction de différents facteurs cliniques, métaboliques, diététiques et médicamenteux.